Métro bondé, métro bandant?

Le 13 décembre 2010

Philippe Gargov nous montre que les transports en commun, et en particulier le métro, savent aussi être érotiques, même si l'imaginaire occidental a surtout paré la voiture de cette caractéristique. Billet SFW.

Aujourd’hui, un internaute est arrivé ici en cherchant un « extrait porno nippon dans le métro » sur Google… Heureuse coïncidence, puisque je souhaitais ardemment vous parler de l’imaginaire érotique des mobilités, et plus spécifiquement du métro… ;-)

Cela fait longtemps que je m’interroge sur ce sujet ; mon héritage manga y est sûrement pour beaucoup… Difficile en effet, quand on a lu quelques tomes de GTO ou autres, de ne pas associer « métro nippon » et « métro fripon » (c’est un euphémisme…). La perversité des rames japonaises n’est plus à démontrer, bien qu’il faille faire attention à ne pas non plus tomber dans l’excès de clichés.

Quoi de plus logique, pour une société à ce point marquée par l’hyper-routine métro-boulot ? On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que certaines rames sont réservées aux femmes aux heures de pointe ; et encore de découvrir, au détour d’un love hotel, une chambre redécorée pour assouvir vos fantasmes métropolitains ! (oui oui, c’est bien une chambre…) :

Une vision d’autant plus glauque qu’elle s’éloigne profondément de notre imaginaire érotique occidental, davantage marqué par la relation à l’automobile. Inutile d’égrener les exemples : on pourrait remplir une thèse à énumérer tous les films, séries ou romans contenant une scène de sexe sur la banquette arrière / de fellation au volant / de partouze en limousine… C’en serait presque désespérant. Mais je reviendrai bientôt sur ce sujet plus en détail, et il y aura du LOL inside.

Cela n’est pas sans conséquence. L’érotisation de l’automobile est l’un des piliers marketing essentiels sur lesquels s’appuie la diffusion de la culture auto (« l’automobilité » [en]) ; il suffit de voir sur quels leviers jouent les publicités pour s’en convaincre. L’omniprésence de l’automobile dans l’inconscient érotique a nécessairement un effet sur l’attachement d’un trop grand nombre de nos concitoyens à leur petite auto propriétaire (cf. cette géniale pub Mobizen : l’érotisme est-il compatible avec la voiture en partage ? Ou la voiture électrique sans vrombissant moteur ? Ce sera justement l’objet du billet sus-décrit…)

Érotiser les transports en commun pour en promouvoir la pratique ?

Il en va autrement pour les transports en commun. Hors du Japon, point de phallus ? (lol) Disons-le d’emblée : les TC ne font pas bander, au sens propre comme au figuré. Dès lors, l’analogie est évidente : faut-il érotiser les transports en commun pour en promouvoir la pratique ? Sans être catégorique sur la réponse, je pense que la piste mériterait d’être approfondie par les équipes marketing concernées. La marque Rockport a d’ores et déjà montré la voie en érotisant la marche urbaine (« Walkability is the new aphrodisiac »). Et les métros ne sont pas forcément des modes plus prudes, comme en témoigne cette publicité DIM dévoilée l’hiver dernier, et réapparue sur nos écrans il y a quelques semaines :

Malgré les critiques qu’on peut lui formuler (difficile d’être en jupe dans le métro sans se faire traiter de catin du métropolitain), cette pub est un révélateur : le vent tourne, et j’ai hâte de voir les transporteurs exploiter ce filon sexy pour promouvoir des mobilités plus durables. Comme le chantait Virginie Ledoyen dans le superbe Jeanne et le garçon formidable (à 2’30 dans la vidéo) :

JEANNE :
Notre désir était si indomptable
Qu’on a fait ça dans la rame de métro.
SOPHIE :
Dans le métro ! Mais c’est épouvantable !
JEANNE :
Moi j’ai trouvé ça plutôt rigolo..!

Note : le métro sait aussi être romantique : cf. Transit amoureux en flux (dé)tendus ^^

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EDIT du 13/12/10 : au départ, je voulais conclure ce billet sur la problématique de la jupe dans le métro, mais je me suis dit que j’allais vous perdre. Quel bonheur, donc, de constater que ce cher Markhy (mon mentor littéraire) s’est attelé à la tâche sur Le Tag Parfait (« culture porn », donc logiquement NSFW). Dans « La journée de la jupe », il revient sur le matage de culottes dans les métros bondés et autres escalators :

Bien bien bien, mais le upskirt n’est définitivement pas un sport de salon, ni d’intérieur, il est dans le métro et les magasins : les dames, le parfum, l’hôtesse, les mamans, les bottes, la tunique de Rizlaine dans le courant d’air. Un érotisme total, disponible et renouvelé constamment qui, malheureusement, n’appartient qu’à l’œil de lynx.

Remercions au passage Le Tag Parfait, dont la lecture a grandement influencé mon envie de billets consacrés à l’érotisme urbain. Attendez-vous d’ailleurs à quelques billets croustillants dans les prochaines semaines :-)

Billet initialement publié sur pop-up urbain

Image CC Flickr juanluisflickr

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