OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La prime de la primaire http://owni.fr/2011/10/16/la-prime-de-la-primaire/ http://owni.fr/2011/10/16/la-prime-de-la-primaire/#comments Sun, 16 Oct 2011 22:53:19 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=83597

L’affluence aux urnes pour le second tour de cette primaire permettra au Parti socialiste et à François Hollande de se lancer dans la campagne présidentielle avec une belle avance financière. Avec un pactole d’au moins 1,2 million d’euros. Selon les trésoriers du parti avec lesquels nous nous sommes entretenus, les frais engendrés par cette élection, d’un montant de 3,6 millions d’euros, ont été largement couverts dès le premier tour grâce au système de participation de « un euro ou plus » par votant.

L’argent collecté, premier et second tour confondus – selon des données provisoires recueillies ce dimanche 16 octobre à 23h – a permis de porter la somme globale des dons à 4,8 millions d’euros. Soit un bénéfice net d’1,2 million qui apportera une confortable réserve de trésorerie pour couvrir les premiers frais du marathon présidentiel.

Les factures sécurité et publicité

Pourtant l’affaire n’était pas gagnée. Le budget global de 1,5 millions d’euros pour cette primaire a doublé avant l’été pour atteindre 3 millions d’euros. Avant de culminer à 3,6 millions d’euros, après avoir été revu à la hausse pour faire face aux difficultés à obtenir les listes électorales dans un format exploitable. Un surcoût que détaille Régis Juanico, député de la Loire et trésorier du parti, mis en place à ce poste par Martine Aubry :

La récupération des listes électorales aurait du nous coûter zéro euro. Seulement, cette hypothèse reposait sur le travail des mairies et nous avons du faire des efforts pour être sûr que nous aurions les documents à temps : pendant l’été, nous avons embauché trente salariés en CDD pour faire des relances là où nous avions des manques. Les documents nous arrivaient parfois dans des formats papiers et, là, il a fallu scanner massivement.

Le poste budgétaire le plus important de cette primaire revient ainsi à la gestion des listes électorales. En plus des 500 à 600 000 euros de récupération desdites listes, le PS a déboursé près de 700 000 euros de procédure de sécurisation. Les listes étaient en effet scellées avant l’arrivée au bureau, re-scellées après le premier tour, puis de nouveau après le second avant d’être transportées par camion à Paris pour être détruites. Une précaution incontournable pour éviter les contestations sur la confidentialité du scrutin.

Deuxième poste budgétaire : la publicité. Les encarts achetés dans la presse quotidienne régionale et nationale pour annoncer le vote ont totalisé 800 000 euros, soit plus du double du prix d’impression et d’expédition des 6 millions de tracts couleurs de quatre pages expliquant le vote (environ 300 000 euros).

Dépense, stratégique elle aussi : les 300 à 500 000 euros du stylo électronique qui permettait de récupérer les coordonnées des participants. Un coût bien mince au regard du fichier de contacts constitué au seul premier tour.

Dans l’organisation du scrutin, la fabrication des cartons électoraux, contenant le nécessaire au fonctionnement des 9500 bureaux de vote (bulletins, enveloppes, documents, signalétique, affichette) aura finalement représenté l’un des coûts les plus faibles : 300 à 400 000 euros.

Vite gagné

La cagnotte ne va cependant pas dormir longtemps dans les caisses. Une partie pourrait servir à indemniser les fédérations ayant eu à payer des frais de location de salle supérieurs à la moyenne.

Dès le départ, il était entendu que le scrutin étant en très grande majorité à la charge du national, les fédérations participaient en louant les salles, précise le trésorier du Parti socialiste. Nous envisageons néanmoins de compenser les départements qui ont payé plus que la moyenne.

Maintenant que François Hollande est désigné, les tacticiens du parti ont prévu de le proclamer dans les formes. Avec en particulier une convention d’investiture prévue le 22 octobre à la Halle Freyssinet à Paris, d’ores et déjà estimée à plus de 500 000 euros. En décembre, le Mouvement des jeunes socialistes verra ses journées de préparation à la présidentielle également financées par le Parti.

De quoi donner au Parti socialiste l’occasion de continuer d’occuper le terrain médiatiquement et politiquement avec plusieurs semaines d’avance sur la plupart des concurrents à l’élection présidentielle.


Illustrations par Loguy pour Owni /-)
Infographie par Loguy et Sylvain Lapoix

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Une incertitude primaire http://owni.fr/2011/10/10/une-incertitude-primaire/ http://owni.fr/2011/10/10/une-incertitude-primaire/#comments Mon, 10 Oct 2011 16:14:57 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=82782

En aucun cas et d’aucune manière le passé par lui-même ne peut produire un acte.

– Jean-Paul Sartre, L’être et le néant

Prisonnier d’un de ces embouteillages dont Paris a le secret certains dimanches soirs, la radio m’apprend que l’Université du Tennessee vient de réaliser un super-ordinateur appelé Nautilus, censé posséder la capacité de prédire l’avenir en analysant des centaines de millions d’articles de presse anglophones et des rapports gouvernementaux américains. Il s’agit pour ses concepteurs de “prévoir le comportement humain à grande échelle”, en associant des localisations géographiques à des fréquences de mots comme “bonheur” ou “malheur” selon des méthodes de calcul, précisent-ils “très proches des algorithmes utilisés dans les prévisions économiques”.

Cela devrait inquiéter, puisque ces algorithmes n’ont pas permis de prévoir la crise des subprimes, mais cet ordinateur a déjà réussi, apprend-on, à prévoir la révolution tunisienne et le lieu où se cachait Ben Laden (à 200 km près !) une fois que ces événements ont eu lieu. Diantre ! Ces chercheurs, comme les commentateurs de Nostradamus, ont donc déjà prédit le passé.

Tandis que je rêvassais dans mon embouteillage je réalisai que, pour l’éviter, j’avais pourtant suivi à la lettre les prévisions de “Bison futé”, lequel avait recommandé d’éviter d’approcher la capitale après 18 heures. J’avais donc avancé mon départ d’une heure. Or, à 17 heures, s’était formé un bouchon géant. “Bison futé” s’était-il trompé dans ses prévisions ? Sans doute pas : ses prévisions s’appuient sur les horaires et itinéraires projetés par les automobilistes, tels que les révèlent de puissantes enquêtes.

Mais tant de gens avaient comme moi décalé d’une heure leur retour pour suivre les conseils de “Bison futé”, que nous nous étions ajoutés à ceux qui, ayant eu l’intention de revenir à cette heure-là, avaient bien sûr conservé leur projet. Du coup, c’est parce que la prévision était pertinente que la réalité ne lui correspondait plus. Je me dis alors que, pour des humains, avoir connaissance du futur qui peut découler de leurs projets présents les conduit à modifier leur comportement présent, donc le futur qui peut en découler. C’est alors que me revînt une phrase qui se trouve dans L’être et le néant de Jean-Paul Sartre : “En aucun cas et d’aucune manière le passé par lui-même ne peut produire un acte”.

Bien sûr, il faudrait être fou pour prétendre que nos choix ne sont en rien engendrés par les circonstances, notre passé individuel et collectif, les tendances lourdes qui agissent sur le mouvement des sociétés pour l’essentiel à notre insu. Tout événement trouve dans les événements qui le précèdent, sinon une “explication”, du moins autant d’éléments qui permettent d’en éclairer la genèse à tel moment et en tel lieu. Pour autant, cet événement était-il déterminé par ce passé comme une sorte de nécessité unique ? N’y avait-il d’autres possibles ? Pour défendre cette idée, point n’est besoin de partager avec Descartes par exemple une conception métaphysique de la “Liberté” du sujet, qui aurait reçu de Dieu une âme spirituelle munie d’une “Volonté” échappant à tout déterminisme.

Après tout, Marx avait souligné dans toute son œuvre que “ce sont les hommes qui font l’histoire, mais dans des conditions déterminées”. Les conditions peuvent être déterminées, l’histoire demeure tout de même l’œuvre des hommes. C’est pourquoi Marx remarquait aussi que “l’histoire a toujours plus d’imagination que nous”. Non que nous manquions d’imagination, d’ailleurs : c’est même parce que nous imaginons un certain futur que, ce futur nous effrayant ou nous séduisant, nous modifions nos façons d’agir de sorte que le futur que nous imaginions ne peut jamais se réaliser. Si la devise anarchiste “Ni Dieu ni maître” a un sens, c’est bien lorsqu’on l’applique au temps. Jamais le futur ne sera écrit dans les pages du présent.

Toujours bloqué dans mon embouteillage, la même radio me délivre comme chaque jour ou presque un sondage sur les intentions de vote des Français pour la prochaine élection présidentielle de 2012. Pour être bloqué dans son véhicule on n’en reste pas moins philosophe : Nautilus, “Bison futé”, sondages, ces trois choses me sont apparues comme liées sur l’essentiel, une même prétention à nier la créativité du temps. Si le 21 avril 2002 Lionel Jospin s’était retrouvé derrière Le Pen au premier tour de la présidentielle, c’est bien parce que, sondages aidant, les électeurs de gauche étaient si certains qu’ils n’en serait rien, qu’ils avaient choisi de lui faire savoir leur mécontentement en votant plus à gauche au premier tour. C’est ainsi qu’une certitude connue devient une erreur dès lors qu’on prétend qu’un certain futur est inscrit dans le présent. Un sondage ne pré-voit jamais l’avenir : il indique ce que cet avenir serait si rien ne changeait entre-temps. Mais, puisqu’il prétend pré-voir, il change le présent donc l’avenir.

Tout sondage d’intention de vote est donc un moyen de peser sur le cours des choses. Au lieu de faire circuler la parole comme lors des mouvements récents avec les réseaux sociaux, ce qui permet de créer un avenir à partir des aspirations communes, ces sondages donnent à chacun l’illusion qu’un certain avenir existant déjà, il ne reste plus à chacun qu’à s’y adapter pour le meilleur et surtout pour le pire. En 2011, cette fabrique d’illusions a été élevée à la hauteur d’une véritable stratégie. Il faudra y revenir.

NB : Sur la possibilité d’imposer par le haut une campagne qui sème le doute sur de véritables catastrophes humaines (amiante, tabac, réchauffement climatique) lire le livre de Stéphane Foucart Le populisme climatique. Claude Allègre et Cie, enquête sur les ennemis de la science, que viennent de publier les éditions Denoël. On y trouve même une description des moyens d’utiliser Internet, non pour développer une réflexion et un dialogue citoyens, mais pour en dévoyer au contraire le contenu.


Illustration: Marion Boucharlat

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Le PS remplit ses urnes et ses caisses http://owni.fr/2011/10/10/le-ps-remplit-ses-urnes-et-ses-caisses/ http://owni.fr/2011/10/10/le-ps-remplit-ses-urnes-et-ses-caisses/#comments Mon, 10 Oct 2011 07:51:06 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=82714 En atteignant 2,665 millions de votants à un euro de participation minimum dimanche 9 octobre, le Parti socialiste a d’ores et déjà remboursé l’intégralité des frais de l’organisation des primaires : selon le trésorier du parti, 3,2 à 3,7 millions d’euros auraient été récoltés, contre 3,5 millions d’euros de budget pour les deux tours du scrutin. Validé ce matin par la Haute autorité des primaires, le taux de participation supérieur aux prévisions n’est pas seulement une démonstration de l’efficacité de la démarche mais aussi une bonne opération de financement de la campagne présidentielle.

1,4 euro en moyenne

Dimanche, l’affaire a plutôt bien fonctionné. Du fait de l’impossibilité de rendre la monnaie et de la consigne donnée aux assesseurs de préciser que la participation était libre, la moyenne des contributions était systématiquement supérieure à 1 euro. À Saint-Étienne, la moyenne s’établissait ainsi entre 1,4 et 1,5 euro. Assesseur dans un bureau parisien d’un peu plus de 800 votants, une militante a compté une « caisse de participation » supérieure à 1 200 euros. Le premier tour ayant coûté 2,5 millions d’euros, la collecte sera donc mathématiquement excédentaire. « Nous avons même récolté un minimum de 8 000 euros pour les bulletins blancs, s’amuse un permanent de Solférino. Maintenant, on a de l’argent. »

Pour le second tour, beaucoup de coûts auront déjà été amortis (publicité, tracts, site Internet, etc.). Ne restent à réinvestir que pour l’impression des bulletins (par jeux de deux au lieu de six), la distribution des enveloppes, les procédures de sécurisation (huissier, confidentialité, destruction des données nominatives, etc.) et l’infrastructure de remontée de données pour vérification. Un total avoisinant le million d’euros. Or, si les listes d’émargements permettront aux votants du premier tour de s’exprimer sans avoir à verser de PAF, les nouveaux participants et ceux qui souhaiteront contribuer viendront faire grossir la collecte. Et, comme pour tout scrutin d’enjeu national, les socialistes comptent bien sur une participation plus forte encore au second tour.

En théorie, la contribution d’un euro par votant aux primaires n’a rien de « symbolique ». Pris dans son ensemble, l’organisation des deux tours de scrutin représente un budget de 3,5 millions, selon le trésorier du PS (un demi million de plus que le coût évalué au départ). Soit un peu moins de la moitié du budget total (7 à 8 millions d’euros) prévu pour la campagne socialiste à l’élection présidentielle. Suite à une décision rendue par la Commission nationale des comptes de campagne et financements politiques, ce mode de désignation choisi par le parti ne peut faire l’objet d’un remboursement prélevé sur des deniers publics. Plutôt que de pomper dans les caisses du parti, le PS a préféré faire tourner le chapeau, sur le principe de la libre participation, comme il a l’habitude de la pratiquer dans les meetings.

Frais annexes et grosses économies

Organisée par les instances nationales du PS, la primaire est financièrement gérée par le trésorier du parti, Régis Juanico :

La somme des participations est consignée, au même titre que les résultats, dans le procès-verbal de vote qui est transmis à la Haute autorité des primaires. Le président du bureau de vote doit ensuite aller déposer dans une agence de la Banque postale l’intégralité du montant sur le compte dédié « Primaires 2011 ».

Une fois en banque, la somme a d’abord vocation à régler les frais des primaires. Quant à l’excédent, comme pour tout meeting du PS, il rentre dans le budget du Parti avec pour mission de financer la campagne, comme le précisait clairement le site questions-réponses de la primaire :

Pourquoi la participation aux frais est-elle fixée à 1 euro ?
Il a été décidé de limiter ce montant à une somme permettant de n’exclure personne. Il vous sera possible, si vous souhaitez contribuer davantage, de verser également un don du montant de votre choix, dans les limites légales, pour financer la future campagne pour le changement en 2012.

Seule exception envisagée par le trésorier du PS : les indemnités d’occupation des bureaux de vote. La plupart du temps prêtées gracieusement par les mairies, certaines écoles ou salles communales ont fait l’objet de compensation pour mise en place et entretien (présence d’un agent municipal, mesures d’hygiènes pour les salles de classe, etc.). A Paris, chacun des 260 bureaux de vote a été loué 700 euros par la mairie. Sur Nice, 14 000 euros ont été demandés pour la totalité des salles. Selon un proche de Martine Aubry, le maire du Raincy, l’UMP Eric Raoult, aurait facturé 7 000 euros l’accès à chaque local… En théorie, ce budget est à la charge des fédérations mais le parti envisage de compenser tout ou partie de ces frais avec les éventuels « bénéfices » des primaires, notamment pour éviter que certains départements ne déboursent plus que d’autres.

Mais c’est un bien maigre effort comparé à certaines économies réalisées par le Parti. A côté des listes d’émargement, les formulaires de contact ont connu un énorme succès dans les bureaux de vote, selon le trésorier du PS :

20 à 50% des participants ont laissé leurs coordonnées ce qui constitue une base de données de un million de personnes qui nous sera très utile pour les élections nationales comme locales à venir : c’est un très bon investissement.


Photos et illustrations vis Flickr par Jonathan Probe [cc-by-nc-nd]
Kit des primaires socialistes

Papier mis à jour le 10.10.2011 à 17h47.

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Les mots socialistes sur DSK http://owni.fr/2011/08/27/les-mots-socialistes-sur-dsk/ http://owni.fr/2011/08/27/les-mots-socialistes-sur-dsk/#comments Sat, 27 Aug 2011 09:30:19 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=77001 À la veille de la primaire du PS qui désignera, dans moins d’un mois, celui ou celle qui se lancera dans la bataille vers l’Elysée au nom de tous les siens, il nous a paru intéressant de rembobiner le fil de “l’affaire Strauss-Kahn”. Pour mettre en lumière les positions des principaux prétendants au mandat suprême telles qu’elles ont été prises dans le feu de l’action.

Cent jours se sont déroulés entre le 14 mai 2011, date de l’arrestation de l’ancien patron du FMI, et le 23 août lorsque le bureau du procureur de New York a annoncé qu’il abandonnait les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn.

Cent jours d’exposition médiatique d’une intensité rarement égalée pour celui qui, quelques jours avant son arrestation les mettait tous à l’amende en étant le favori des électeurs de gauche. Autant pour les primaires que pour la Présidentielle.

Indignation, empathie, résignation, indifférence… La ligne officielle socialiste de soutien à DSK se craquèle dès lors qu’on examine les éléments de langage des candidats à l’investiture au fil de la procédure judiciaire.

En juxtaposant sur une ligne chronologique les grands moments de l’affaire avec les réactions des prétendants socialistes, on voit émerger les positions des candidats. Avec parfois des surprises.

Rembobinons-les

Naviguez dans la frise chronologique ci-dessous (en cliquant sur les flèches à droite et à gauche) pour relire les déclarations des candidats à la primaire lors de six moments clés de l’affaire DSK : l’évocation de sa candidature, son arrestation, sa sortie de prison, sa plaidoirie non coupable, la levée de l’assignation à résidence et enfin le jugement de non-lieu.


(Méthodologie : Après avoir croisé les grandes étapes de l’affaire DSK avec les réactions des candidats à la primaire nous avons pris la décision d’exclure Jean-Michel Baylet de nos recherches car ses déclarations sur DSK étaient trop rares. Toutes nos sources sont accessibles ici.)

Des récurrences, des différences

L’analyse des réactions exprimées par les candidats met en avant certains thèmes, certaines idées régulièrement évoquées : la présomption d’innocence, la nécessité de laisser la justice faire son travail, les réactions émotionnelles,…

Cliquez sur “click to interact” puis zoomez dans le diagramme suivant pour vous en rendre compte : les cinq candidats sont reliés aux thématiques lorsque leurs citations évoquent le sujet.
Cliquez également sur le point correspondant à un thème ou au nom d’un candidat pour avoir le détail des relations.

Chacun son ton

Si certains éléments sont évoqués par tous, la diversité de ton employée est inévitable, compte tenu des personnalités de chacun, de leur rôle au sein du Parti Socialiste et enfin de la relation personnelle de chacun avec Dominique Strauss-Khan.

Ainsi le discours de Martine Aubry se veut relativement neutre, convenu et diplomatique. Sa déclaration suite à l’arrestation, est très factuelle : elle évoque un “coup de tonnerre” mais met en garde contre une prise de position trop rapide.
Sa position de première secrétaire du Parti Socialiste est particulièrement présente quand elle sépare clairement ce qui arrive à DSK de l’avenir du Parti Socialiste :

Je veux dire aux Français que, quels que soient les circonstances et les aléas, hier comme aujourd’hui, le parti socialiste est mobilisé pour les comprendre, pour apporter les réponses à leurs problèmes et à ceux de la France, et pour les servir

Un élément sur lequel elle insiste de nouveau, en réaction de DSK : “il s’agit d’un problème personnel pour Dominique Strauss-Khan”.

François Hollande se situe sur un registre plus “énonciatif” comme nous l’apprend l’analyse sémantique de ses citations via le logiciel Tropes.
Ses réactions explorent en effet davantage les hypothèses et conséquences liées aux évènements.
Il demande ainsi de “faire attention, réagir avec émotion mais aussi avec réserve, avec le souci de la justice”, tout en évoquant, avec de très nombreuses précautions, une issue possible, en tout les cas souhaitable de l’affaire :

Peut-être que cette affaire peut se dénouer très vite si on apprend qu’il n’y a aucune charge sérieuse, si ce qui a été dit par cette femme n’est pas vrai, ce que nous souhaitons tous.

Le même ton se retrouve lors de sa déclaration à la sortie de prison “C’est un soulagement (…) en même temps il reste inculpé” et au rendu de jugement de non lieu “C’est à lui, au moment où il le jugera opportun, après probablement un temps consacré à se reconstituer, à retrouver toute sa liberté dans son propre pays, de décider ce qu’il veut faire”.

Les propos tenus par Ségolène Royal sont plus affirmés. Dès sa première réaction, lors de l’arrestation de DSK, elle se place sur le registre de la décence et de l’intérêt de commenter cette affaire : “Il serait indécent d’en faire un feuilleton (…) Le moment n’est pas venu de commenter les conséquences de cette affaire sur la politique intérieure (…) Que chacun garde son calme et sa sérénité.”

Cette idée de “feuilleton” revient dans sa réaction à la sortie de prison de DSK, en allant même jusqu’à parler de danger :

“On ne va pas occulter toute la vie politique française (…) en vivant ce feuilleton de la justice américaine jour après jour (…) Cette affaire occulte la totalité de l’actualité, je pense que ça devient grave pour la démocratie, pour l’efficacité de la politique.”

Lors de la sortie de prison, après avoir évoqué la “violence” et la “brutalité” de cet épisode, elle rappelle avoir été “la première à m’exprimer sur cette affaire en rappelant le principe de la présomption d’innocence.”

Montebourg et Valls, les plus personnels

Les réactions de Manuel Valls et Arnaud Montebourg expriment bien davantage leur avis personnel sur la question, dans des directions radicalement opposées.
Manuel Valls exprime dès le départ sa proximité et son amitié avec Dominique Strauss-Khan, et l’extrême émotion que sucite de fait la nouvelle de son arrestation :

“Je n’ai jamais vu cela et je n’ai jamais ressenti cela (…) Dominique Strauss-Kahn est un ami que je connais de puis longtemps, les images de ce matin sont d’une cruauté insoutenable (…) J’avais les larmes aux yeux (…)”

.
Il conserve ce ton guidé par l’émotion et l’amitié tout au long de l’affaire, comme lors de sa sortie de prison “Il faut que la vérité éclate pour nous ses amis, pour les Français qui sont K.O. depuis dimanche”, ou de la levée de l’assignation à résidence “Moi, j’ai cru dès le premier jour à l’innocence de Dominique Strauss-Kahn. Dominique avait eu l’occasion de me dire qu’il était innocent. J’ai toujours cru en son innocence”.
L’analyse sémantique de son discours via Wordle le montre :

Déclarations de Manuel Valls

Arnaud Montebourg, à l’inverse, était déjà dans une relation d’opposition à DSK, avant même que l’affaire ne débute.
Il ne commente pas l’arrestation de Strauss-Khan. A sa sortie de prison, en revanche, il reste purement factuel “La libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn est une nouvelle importante pour lui, sa femme, Anne Sinclair, et sa famille” et met davantage l’accent sur la situation des socialistes

Les socialistes, pour leur part, doivent continuer à tracer leur route vers la victoire de la gauche en 2012, pour bâtir ensemble la Nouvelle France. Ils ont le devoir de réussir les primaires citoyennes dont les modalités et le calendrier n’ont, en l’état, aucune raison de changer.”

Lors de la plaidoirie, il exprime clairement ne jamais avoir soutenu Dominique Strauss-Khan et se évoque “une sensibilité proche de la plaignante.” Lors de l’annonce du non lieu, Arnaud Montebourg explique même son désintérêt pour l’affaire qu’il estime être simplement un “fait divers, je n’ai ni commentaire, ni analyse sur la chronique judiciaire new-yorkaise. Et je ne pense pas que je lui parlerai au téléphone, je suis très pris en ce moment.”

Déclarations d'Arnaud Montebourg

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Gauche italienne: la relève vient du Sud… et d’Internet http://owni.fr/2010/10/28/gauche-italienne-la-releve-vient-du-sud-et-d%e2%80%99internet/ http://owni.fr/2010/10/28/gauche-italienne-la-releve-vient-du-sud-et-d%e2%80%99internet/#comments Thu, 28 Oct 2010 16:45:43 +0000 Anne Daubrée http://owni.fr/?p=33868 Retrouvez la traduction de cet article et l’ensemble de nos articles en anglais sur http://owni.eu !

Outsider de la politique italienne, certains l’appellent le « Obama » blanc. Cela ne dérange pas Nichi Vendola, figure de l’opposition qui construit sa réputation grâce au web. «  Nichi Vendola est obligé par sa personnalité même, par son histoire, d’être novateur », analyse Federico Mello, journaliste au Fatto quotidiano. C’est peu dire que l’homme est atypique : président de la région des Pouilles, au sud-est de la péninsule, Nichi Vendola  se revendique tout  à la fois communiste, croyant et homosexuel. Ce qui ne l’a pas empêché de gagner les élections régionales à deux reprises, après avoir remporté les primaires de la gauche. Et ces derniers succès électoraux doivent beaucoup à sa stratégie Internet.

Responsable de sa communication, la société locale Proforma s’est notamment inspirée des méthodes d’Obama pour lancer les «  fabbriche di Nichi » (usines de Nichi) : un réseau de sympathisants composé pour l’essentiel de déçus de la gauche, mais surtout de très jeunes, souvent étudiants, qui vivent là leur première expérience politique qui organise, via Facebook, le soutien de la campagne de son candidat. La «  fabbrica » de Bari, capitale de la région des Pouilles, donne le la, en proposant des actions simples et conviviales comme les « guerrilla gardening », consistant à aller biner le parc public de la ville, ou des « réunions tupperware » pour convaincre d’aller voter pour le candidat. A l’inverse, certaines initiatives de fabbriche locales (vidéos, slogans, matériel de campagne…) sont remontées et servent à la campagne officielle.

La fabbricha de Rome a ainsi amené 240 bulletins de plus en faveur de Vendola en organisant le trajet en bus depuis la capitale. «  Nous avons délégué des pans entiers de l’organisation et de la créativité de la campagne », explique Dino Amenduni, spécialiste des réseaux sociaux chez Proforma. Selon ses calculs, au delà des simples fans Facebook, ce sont « environ 10 000 personnes » qui  se mobilisent fortement depuis cet été via les Fabbriche.

En campagne pour les primaires de la gauche, de fabbrica en fabbrica

Au mois d’octobre, pour Nichi Vendola, l’enjeu a basculé du régional au national avec l’accord de la gauche pour élire lors de primaires son chef de file pour les prochaines élections législatives. Et les fabbriche pourraient se révéler un outil décisif. En campagne hors de sa région, Nichi Vendola fait le candidat voyageur, visitant toute l’Italie de «  Fabbrica » en «  Fabbrica ». D’abord dans la capitale, où ses partisans romains avaient réuni 300 personnes pour une soirée débat rapportée jusque dans la presse nationale, puis en Sicile pour une rencontre sur le thème « un Sud meilleur ».

« Nichi Vendola  doit être plus connu dans le reste du pays. Les « fabbriche » ont un rôle important à jouer. L’activisme des personnes est essentiel pour suivre les rencontres avec Nichi, apporter des contenus vidéos…», analyse Dino Amenduni. On  compte aujourd’hui 479 Fabbriche, qui ont essaimé bien au delà des frontières de la région des Pouilles, et mêmes par delà les Alpes, à Paris ou Berlin. De nombreux étudiants ou émigrés italiens se sont saisis de ce moyen de renouer des liens avec leur terre natale.

De l’usine à activistes au laboratoire politique

Pour Nichi Vendola, qui lançait «  la poésie est dans les faits », en guise de slogan de campagne,

la Fabbrica avec ses volontaires, est un exemple d’autoformation à la politique et de réforme de la politique. Ce n’est pas un simple comité électoral, mais un espace différent, actif et créatif. (…) Des idées, des propositions et des actions de tout genre naissent et se diffusent dans toute la  région, via internet et les actions sur le territoire (1).

Une visite à Laterza,  petite ville perdue dans la campagne des Pouilles, semble lui donner raison. Ici, la Fabbrica organise des visites guidées dans le parc naturel voisin -la Gravina -  menacé par les promoteurs immobiliers et les chasseurs. Objectif : sensibiliser les habitants de la zone à un autre développement possible, basé sur le respect de l’environnement.

Même souci à Galatone, où une autre  Fabbrica  monte des opérations de nettoyage du territoire. Les sympathisants de Florence ont pour leur part mis en place des ateliers gratuits pour apprendre à confectionner son propre liquide vaisselle à partir de produits naturels. Une recette bientôt transmise à la Fabbrica de Rome. Un exemple parmi d’autres des liens qui se tissent par échanges de mails, visio conférences via Skype ou encore aux rencontres nationales l’été dernier. « Nous préparons un réseau social pour permettre aux Fabbriche d’avoir des échanges plus horizontaux » ajoute Dino Amenduni, qui réfléchit aussi  à des outils de fundraising pour les fabbriche, « autofinancées ».

Dans une Italie où la tentation du discours du « tout pourris » est forte, Nichi Vendola a su mobiliser les énergies d’une toute  jeune génération dans un projet politique, via le réseau. Il lui reste à présent à répondre aux espoirs qu’il a suscités.

—-

(1) La fabbrica di Nichi, cosimo Rossi intervista Nichi Vendola, manifestolibbri 2010

Photo Credits: nichivendola.it, Flickr CC Paride de Carlo.

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