OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La République obcène http://owni.fr/2010/07/14/la-republique-obcene/ http://owni.fr/2010/07/14/la-republique-obcene/#comments Wed, 14 Jul 2010 07:31:08 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=21889

Alors que le président promettait une « République irréprochable » en 2007, avec des ministres qui « rendent des comptes », on le retrouve aujourd’hui à défendre un ministre du Budget dont l’épouse travaillait pour une richissime évadée fiscale.

À OWNI, cette histoire nous en a rappelé d’autres. Souvenez-vous de ce ministre qui reste en poste malgré une condamnation pour injure raciale. Ou de celui qui sort en titubant du Conseil des ministres. Ou de celle qui embauche son fils alors qu’il est dénué de toute qualification adéquate.

Au fur et à mesure que la liste s’allongeait, nous avons décidé de répertorier les petits et gros scandales qui ont émaillé le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En quelques heures, nous en avons compté 31 ! (Et encore, nous n’avons pas pris en compte les infractions routières, pourtant lourdes.)

Retrouvez la liste complète sur Google Doc et n’hésitez pas à compléter en commentaires les scandales évoqués ou à ajouter ceux que nous avons oubliés. Cette liste sera tenue à jour jusqu’en 2012.

Nous avons tenté de ne sélectionner que les scandales qui auraient poussé à la démission des ministres dans d’autres pays, où on prend souvent la porte pour moins que ça. En France, avant la démission d’Alain Joyandet et de Christian Blanc, le dernier ministre à avoir assumé ses actes en prenant la porte fut Hervé Gaymard… en 2005, pour une affaire de 60 000€.

Comparaisons

En mai dernier, le ministre des finances britannique a démissionné après que la presse a révélé qu’il utilisait des notes de frais pour payer un appartement à son partenaire. Montant total détourné: 45 000€. Quatre an plus tôt, en Suède, la nouvelle ministre de la culture quittait son poste parce qu’elle avait 2 400€ d’arriérés de redevance télé. Un montant 25 fois moindre que celui de l’affaire Gaymard.

En Allemagne, l’ancien ministre de la défense a quitté le gouvernement parce qu’il a annoncé qu’une frappe de l’armée allemande en Afghanistan n’avait pas fait de blessé quand dans la réalité il y eut une centaine de morts. En matière de politique étrangère, le dernier ministre de la défense à avoir pris la porte fut Charles Hernu, en 1985, suite à l’affaire du Rainbow Warrior. En revanche, en ce qui concerne l’action de la France au Rwanda ou les attentats de Karachi, on attend toujours que les responsabilités politiques soient éclaircies.

Même en Bulgarie, pourtant pas un parangon de transparence, on démissionne quand la presse révèle qu’un ministre entretien des liens avec le crime organisé. L’occasion de rappeler que des personnalités comme Gaston Defferre n’ont jamais été inquiétées pour leurs relations avec le Milieu marseillais.

Tentation populiste

Comptabiliser les scandales, voilà l’une des occupations favorites du Front National. Facile de critiquer l’action de ceux qui sont au pouvoir quand on ne détient aucune responsabilité. Et les journalistes ne sont pas les derniers à jouer avec leur pouvoir en en sentant que très rarement les conséquences (Outreau ?)

Il ne faut pas non plus tomber dans l’amalgame inverse. Entre dénoncer ce qui nous choque et dénigrer l’action publique dans son ensemble, il y a un pas que toute personne de bonne foi peut constater.

Le gouvernement n’est d’ailleurs pas le dernier à jouer avec cette différence. Quand Xavier Bertrand dénonce les « méthodes fascistes » de Mediapart ou qu’Henri Guaino parle de « totalitarisme de la transparence » (parce qu’on a révélé qu’il gagnait 24 000€ par mois), ils essayent d’endormir leur électorat. Leur message explique en substance que les règles peuvent être assouplies pour huiler les mécanismes institutionnels.

Tout dépend maintenant de l’assouplissement que l’on est prêt à accepter. En Russie, pour accélérer le processus judiciaire, les services secrets peuvent désormais infliger des amendes sans passer par un juge. A l’autre extrême, en Nouvelle-Zélande, le ministre du logement et de la pêche démissionnait parce qu’il avait réglé deux bouteilles de vin avec la carte bleue de son ministère, pour un montant de 40€. La note de frais mentionnait ‘repas et boisson’ alors qu’il aurait fallu indiquer ‘boisson’ seulement !

Où souhaitons-nous placer notre seuil de tolérance face à ces manquements de rigueur ? Tolérerons-nous les mêmes écarts à l’Etat de droit que les Russes ou allons-nous être aussi stricts que les Néo-Zélandais ? Les journalistes ne peuvent pas décider pour les Français. Mais ils doivent leur donner les éléments nécessaires pour faire leur choix.

Application développée par Pierre Romera, avec l’aide d’Aurélien Fache. Design: Elsa Secco. Sur une idée originale des habitants de la soucoupe (Sabine Blanc, Nicolas Kayser-Bril, Martin Untersinger, Guillaume Ledit), conseillés par Jean-Marc Manach.

Partagez cette application par chez vous en copiant ce bout de code: <script type=”text/javascript” src=”http://app.owni.fr/14juillet/embed.js”></script>

Le titre de l’application est un mauvais jeu de mots (vous l’aurez compris), fondé sur le dernier repas du Christ entouré par ses disciples, connu sous le nom de La Cène.

Mise à jour 19/7: Grâce à l’aide de Constantin, de Vatou et du Dr Maboul, 4 nouvelles affaires ont été rajoutées à la liste:

  • L’affaire de la carte bleue de Cécilia liée au budget de l’Elysée
  • Le fils Sarko commet un délit de fuite: le plaignant est condamné
  • Les incivilités de NS, à commencer par le “cass’ toi pov’ con”
  • La justification par François Baroin de l’exil fiscal de son épouse Michelle Laroque.
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Un faussaire sur Twitter menacé http://owni.fr/2010/04/01/un-faussaire-sur-twitter-menace-christian-blanc/ http://owni.fr/2010/04/01/un-faussaire-sur-twitter-menace-christian-blanc/#comments Thu, 01 Apr 2010 11:11:51 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=11299 233790845_07e896fd52

Hier, j’arrive au boulot et je salue tout le monde parce que je suis poli. J’ouvre mon ordinateur, j’allume gmail parce que c’est toujours la première chose que j’ouvre. Et ce matin, entre le mail de promotion sur les super t-shirts geeks et un mail de ma grand-tante me demandant un énième conseil en informatique, une adresse peu habituelle, en .gouv.fr. C’est un peu la classe, me dis-je.

Aussitôt, je file me faire un café, tout guilleret, presque comme si ma page Facebook affichait un petit 1 à côté de la bulle. D’ailleurs, avant de lire ce mail officiel, j’ouvre Facebook. Pas de nouvelles notifications hélas. Mon café n’en est que moins doux. Je retourne donc à l’onglet gmail. Toujours ce mail. Toujours là, sous mes yeux. J’ouvre le spam vestimentaire, j’esquive ma grand-tante.

Enfin, le fameux mail. Peut-être une invitation à un dîner de blogueur avec NKM, Koztoujours et Epelboin. Et là, je tombe de haut.

Monsieur,

Je vous écris sous l’autorité de Christian Blanc, Secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale, auprès du Premier ministre. Suite à l’apparition d’un compte sur le service Internet Twitter.com au nom de Christian Blanc, nous avons contacté la société Twitter, à San Francisco. Celle-ci a accepté de nous communiquer l’adresse e-mail utilisée pour créer le compte ainsi que des “logs” nous permettant de vous identifier.

Il va de soi qu’usurper l’identité d’un Ministre contrevient à la loi. Nous vous demandons donc de supprimer ce compte.

Ce message est un premier avertissement. Nous serons obligé de porter cette affaire devant la loi si vous ne cessez pas votre activité sur ce compte. De plus, votre action nous a convaincu de l’utilité pour un Ministre de posséder un compte sur le service Internet Twitter. Nous vous saurions gré donc de nous communiquer un moyen de récupérer ce compte.

Cordialement,

Alain Croustier*
directeur du cabinet de Christian Blanc

J’ai donc décidé de tout vous raconter ici pour éviter les soucis futurs. En vous le racontant, je me place dans la lignée des Yes Men ! et autres promoteurs de la désobéissance civile et du prank.

Créer un faux-compte pour Christian Blanc, qui est le Secrétaire d’État au Grand Paris, vu que peu de gens savent qui il est, je vous le précise, c’était le moyen de mettre en lumière la question du Grand Paris dans les régionales.

Parce que le fait qu’un ministre, dans une République qui se dit décentralisé dans sa Constitution, puisse être en charge du développement d’une région, malgré des élections qui le désavouent, n’avait l’air de choquer que moi.

J’avais donc créé un faux-compte, qui n’avait rien de vrai, puisque le premier message était “Le Grand 8, c’est fantastique !”.

J’ai tenté quelques échanges avec des militants et élus UMP pour obtenir une authentification par mes pairs puisque jamais je n’aurai pu obtenir le fameux badge bleu. Hélas, peu furent dupes, ou alors, pas bien longtemps.

Quelques jours plus tard, les Indiscrets évoquent la colère de Christian Blanc suite à l’apparition de ce compte, rappelant les précédents désagréments de celui-ci avec la technologie. L’apogée a eu lieu hier, lorsque le compte Twitter de Jean-Paul Huchon, président de la Région élu récemment et donc seul maître avec son Conseil de l’avenir de notre région, bien conscient du caractère parodique de mon compte, a répondu à mes saillies.

Alors, que faire maintenant ? C’est un peu la question que je me pose. Arrêter le compte, ainsi démasqué, c’est un peu comme tweeter dans le vide pendant 5 mois. Le continuer semble ridicule maintenant que tout le monde sait que c’est un faux.

Surtout que cela pourrait me coûter quelques désagréments. En tout cas, avec la loi Loppsi, je risque d’en avoir des problèmes. À moins qu’il n’y ait prescription. Donc je vais le laisser tel que. Pour l’histoire. Et peut-être un jour dira-t-on “Il a démissionné à cause d’un faux compte Twitter” et là, je serai aussi heureux que lorsque le message Facebook me propose un rendez-vous galant.

* Les noms ont été modifiés

Illustration par Nicole Marti ; image de une CC Flickr Stian Eikeland

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