Cette question, beaucoup d’entre vous se la pose. Pourquoi donc un tel écart entre nos usages « à la maison » et nos outils « professionnels » ? Étant confronté à cette situation quotidiennement, je voulais écrire ce billet de longue date. Le très bon billet de Fabien Grenet « Et si Twitter lançait une offre vraiment adaptée aux entreprises ? » repris sur le tout aussi bon blog de Nicolas Bordas m’a décidé à le rédiger.
Il existe plusieurs raisons à cela, liées aux besoins spécifiques d’une entreprise, en passant par la stratégie (et les moyens) de nos start-up préférées.
Ces stars du web, dont les services sont utilisés chaque jour par des centaines de millions d’internautes, n’arrivent pas à proposer des offres « pro ». Par offre professionnelle, je pense à proposer leur technologie pour l’entreprise, en usage interne. Je n’évoque pas ici l’utilisation des outils à des fins de marketing/communication par les marques.
Mais le constat est pourtant sans appel : aucune des start-up que je connaisse ne propose ce type de service pour l’entreprise. Si, pardon, j’en connais deux, dont une française (cocorico !) : Google via ses offres Google Apps, Enterprise Search et Postini Services, et Netvibes au travers de son offre Netvibes for entreprise.
À l’heure de l’Entreprise 2.0 (je vous conseille au passage cet excellent blog piloté par le non moins excellent Fred Cavazza), des « nouveaux médias » et de la redéfinition des moyens de communication dans l’entreprise, voire de son organisation même, le constat est étonnant, car nous pouvons imaginer les besoins bien présents.
De plus, le cloud computing est aujourd’hui très tendance. Or, toutes les sociétés citées ci-dessus sont déjà sur un mode « in the cloud » et pourraient attaquer le marché des entreprises en leur proposant des offres clé en main, sous un mode aujourd’hui très recherché de pay-per-use.
Ci-gît le Seigneur de La Palice
S’il n’était mort il ferait encore envie
Par cette très belle lapalissade, se cache une effroyable vérité. Même si en apparence les besoins finaux sont identiques : usage, ergonomie, fonctionnalités…, les besoins et exigences d’une entreprise vis-à-vis des services utilisés sont très différents du monde « grand public ». Nous pouvons citer par exemple (liste non exhaustive) :
Sur l’ensemble de ces quelques points pris en exemple, la plupart de nos start-up préférées sont incapables de répondre. Imaginez le coût en pénalités que devrait payer Twitter à ses clients pour cause d’indisponibilité du service ! Et agir sur cet indicateur nécessite de revoir l’architecture technique au grand complet.
Bien incapables d’aborder ces aspects, le champ est alors libre pour voir apparaitre des sociétés reprenant des concepts, mais adaptés à l’entreprise.
Citons par exemple le très bon (et français) bluekiwi (Twitter) qui propose une offre de réseau social d’entreprise. Ou encore Yammer positionné sur le microblogging. Sans oublier bien entendu les « gros » que sont Microsoft ou encore IBM qui ont des offres de plateformes collaboratives.
Ces start-up (ou pas) sont alors centrées sur les besoins des entreprises et savent y répondre au plus juste.
De plus une start-up comme Twitter par exemple ne dispose ni des ressources, ni des moyens, permettant d’étendre leur service aux entreprises. En effet, la stratégie communément adoptée est 1- avoir la base d’utilisateur la plus importante possible 2- essayer de trouver une recette pour la monétiser. Les efforts sont alors concentrés sur le recrutement de nouveaux utilisateurs, au détriment de la stabilité ou de la sécurité de la solution (Twitter, encore une fois, est un cas d’école !). Impossible dans ces conditions d’espérer démarcher les entreprises pour leur ventre une solution SaaS (Software as a Service) !
Enfin, et ce n’est pas négligeable, une start-up ayant depuis l’origine évoluée sur un marché grand public a énormément de mal, lorsqu’elle entreprend de proposer une solution à une entreprise, à avoir un discours adaptée à celle-ci. Je pense que c’est une question de gènes ! J’ai pu personnellement constater, au travers d’un appel d’offre, que même une jeune et petite start-up comme Google n’arrive toujours pas à avoir un discours adapté à une grande entreprise, et ne dispose pas de réponses satisfaisantes aux questions posées ci-dessus. A contrario, les sociétés comme bluekiwi étant spécialisées dès l’origine sur l’entreprise, sont comme des poissons dans l’eau !
Il serait pourtant, à mes yeux, très pertinent de voir des entrepreneurs proposer cette double approche public–entreprise dès la création de leur business, en intégrant les deux dimensions dans un business plan… La partie publique créerait un usage ainsi qu’une notoriété forte. La branche entreprise permettrait d’assurer le financement de l’entreprise. Les ressources techniques seraient communes bien entendu, intégrant l’ensemble des contraintes dès la conception. Je ne me souviens pas avoir déjà été confronté à ce type de modèle…
Donc, les solutions existent. Pourquoi n’ai-je rien au boulot ?
Oui l’offre existe, elle répond à tous les canons de la beauté actuelle : Software As A Service (ou offre dans le nuage), pay-per-use, un investissement donc minimum, prêt à être utilisé et une mise en œuvre technique ultra simple…
Cependant, l’usage de ces outils bouleverse les relations au sein de l’entreprise. Pour le meilleur bien entendu. Mais comme pour tout, tout ceci doit se faire de manière maîtrisée, contrôlée, accompagnée, avec des sponsors internes forts, porteurs de ces changements.
Aujourd’hui, la DSI va pouvoir jouer à plein son rôle de veille technologique, accompagner et guider l’entreprise dans les changements qui arrivent, mais ne peut en aucun cas prendre le rôle d’une DRH ou d’une Direction de la Communication. Ces personnes doivent ainsi être les vrais moteurs de tels changements et à la pointe des attentes et nouveaux usages de leurs collaborateurs. La DSI jouera alors pleinement son rôle d’accompagnateur.
Vous trouvez que vos outils professionnels brillent par leur obsolescence ? Arrêtez ainsi de vous plaindre de votre Informatique, allez voir votre DRH :-) La DSI connait déjà les réponses !
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Billet initialement publié sur le blog d’Éric Delattre
Illustration CC FlickR par slimmer_jimmer
]]>Nous pouvons ainsi tenter de brièvement décrire le micro-blogging comme:
La principale caractéristique du micro-blogging est que ces communications sont caractérisées par la brièveté des impulsions d’informations. La tentation de dépenser beaucoup de temps à rendre du contenu « sexy » est éliminée lorsque celui-ci est limitée à moins de 200 caractères sans les options de formatage. Seul l’essentiel du message est transmis. Il est ainsi possible de communiquer facilement sur une base presque continue. En ce sens, la « connectivité » entre les personnes concernées s’en trouve fortement améliorée, la « distance » qui les sépare réduite.
De courtes conversations favorisent ainsi l’échange d’informations et développent un sentiment d’affinité entre les membres de l’équipe. Cela est vrai même si les personnes sont physiquement séparées (ce qui est par ailleurs l’une des raisons qui font que les messageries instantanées sont l’une des killer apps de la décennie passée). C’est ici un des principaux avantages de ce type de solution pour une entreprise.
Ouvrons une parenthèse…
Thomas J. Allen était professeur au MIT dans les années 1970. Il étudia alors l’impact que peut avoir la distance séparant les bureaux d’ingénieurs sur leur communication technique.
Il a ainsi démontré que la probabilité de communication entre deux individus baisse extrêmement rapidement en fonction de la distance les séparant. Ainsi, au delà de 10 mètres, il y à moins de 10% de chance que deux personnes communiquent une fois par semaine. De la même manière, il existe deux fois plus de communications entre deux personnes séparées de 10 mètres, que deux autres personnes séparées de 20 mètres. Je suis certain qu’en se penchant sur ce sujet, vous constatez la même chose autours de vous, dans votre open space.
Ainsi, cette courbe prends une forme de courbe décroissante exponentielle comme celle-ci :
Nous pourrions passer des heures sur ce passionnant concept, utilisé en management par de nombreuses grandes entreprises et qui, à mes yeux, explique à lui tout seul l’absolue nécessité d’avoir des espaces conviviaux de détente dans l’entreprise afin de rapprocher physiquement les collaborateurs (machine a café, …).
Cette notion de courbe d’Allen est importante pour ce qui est de la compréhension de notre sujet d’aujourd’hui. Parenthèse refermée.
De nos jours, beaucoup d’équipes projets sont géographiquement dispersées. Cela est également valable pour les entreprises relativement petites. Or, comme nous venons de le voir, la proximité géographique est un facteur déterminant dans la bonne communication entre individus.
La communication « face-to-face » apporte des nuances et se retrouve bien plus riche et efficace qu’une communication non-directe. Ceci grâce à la communication non verbale. Cela nous apporte alors un feedback immédiat. Ces mêmes caractéristiques sont facilitées dans les interactions en ligne par le micro-blogging (une différence majeure étant que les renseignements personnels se matérialisent sous la forme de choses comme votre avatar et votre profile). Ce type de communication entre les membres de l’équipe d’un projet peuvent accroître l’efficacité des outils de gestion de ce projet.
Réciproquement, l’inverse (intégration du micro-blogging dans votre gestion de projet) améliore l’expérience du micro-blogging en général, et en entreprise en particulier. Ainsi, le micro-blogging se retrouve intégré aux outils de communication au même titre que l’e-mail, par exemple. Il offre alors ses avantages – rapidité, interactivité – et permet à l’entreprise comme à ses employés d’en tirer rapidement profit, tout en déchargeant l’e-mail de fonctions pour lesquelles il n’était pas optimisé. Enfin, étant donné qu’au sein de l’entreprise, les « tweets » sont publics, cela facilite l’archivage et la gestion de la connaissance, la recherche de l’information. En parfait complément d’un wiki par exemple.
Le micro-blogging intégré à une organisation de gestion de projet présente une opportunité de changer fondamentalement le paradigme de celui-ci. Le dialogue entre les membres d’une équipe peut être lié à des tâches spécifiques, et ces flux de conversations peuvent êtres enregistrés comme archives du projet. Ces conversations peuvent alors présenter une valeur ajoutée importante pour le retour d’expérience par exemple. Or, elles sont la plupart du temps perdues lorsque le projet prend fin.
La courbe d’Allen est ainsi toujours d’actualité, mais ses effets sont atténués par une proximité renforcée. Ou du moins une impression de proximité, mais, après tout, n’est-ce pas ce qui compte ?
En plaçant le micro-blogging au centre de la gestion de projet, tout en lui apportant des outils complémentaires comme la gestion de documents, gestion des tâches, le suivi en temps, et une foule d’autres fonctionnalités, nous avons non seulement amélioré la gestion de projet, mais également réussi par ce biais à introduire cet outil dans l’entreprise. Et, ainsi, bien au delà du strict cadre d’un projet, apporté à l’ensemble de l’entreprise une façon de communiquer claire et rapide. Bref, nous faisons rentrer nos entreprises dans “l’entreprise 2.0″.
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Crédit photo cc FlickR Peter Hellberg, respres.
Article initialement publié sur EricDelattre.com
]]>Devant le succès de l’iPhone et de l’iPad, je m’interroge sur leurs impacts. Non pas sur l’introduction des tablettes, qui correspond bel et bien à un usage « de consommation » comme cela a déjà été très bien écrit, mais sur la modification induite du comportement, et donc des attentes, de nous autres consommateurs.
Ce serait, à mes yeux, une erreur de considérer que les attentes des utilisateurs, de vous, de moi, ne vont pas s’en trouver modifiées. Et qui dit modification des attentes, dit réponses à ces nouveaux besoins…
Voici brièvement les nouveautés que l’iPhone a introduites et dont nous ne saurions nous passer dorénavant (Il est à noter que l’iPad reprend exactement ce modèle) :
Pour ou contre, Apple est bel est bien arrivé à faire oublier l’équipement, le « hardware », pour nous mettre en relation directe avec le contenu. C’est par ailleurs (mais c’est une autre – et vaste – discussion) là où c’est joué l’échec d’éditeurs comme Microsoft avec son Windows Mobile. Ils ont continué à vouloir nous vendre une technologie, en lieu et place d’une expérience.
A part nous autres Geeks, quel peut être l’intérêt d’un utilisateur à connaître son système d’exploitation ? Celui-ci est pour 95% des utilisateurs un moyen, et non une fin. Je devrais même parler de « mal nécessaire ». Aujourd’hui, beaucoup de personnes, nous en connaissons plusieurs autour de nous, peinent à se servir de leur ordinateur. Non, un ordinateur n’est pas comme une télé… Pas encore… Avec les nouveaux usages introduits par l’iPhone, la même « expérience utilisateur » est désormais attendue par tous sur des produits comme les ordinateurs « traditionnels ». En effet, et nous serons tous d’accord sur le sujet, le couple iPhone + iPad n’a pas vocation à remplacer notre bon vieux PC. Celui-ci est nécessaire à beaucoup d’usages, en premier lieu à la création de contenu ou encore en environnement professionnel.
Nous sommes donc en attente d’une solution nous faisant oublier le système d’exploitation, pour passer directement de nos idées à la création de documents sur ordinateur, avec une expérience utilisateur proche de ce qui tient désormais lieu de référence.
Comme je viens de l’écrire, il existe désormais une attente nouvelle sur l’usage des outils informatiques. Qui dit attente, dit réponse à cette attente. C’est la base de toute notre économie de marché. C’est inéluctable.
Voici donc comment je perçois les évolutions à venir. Nous verrons trois grandes familles coexister.
Nous en aurons toujours besoin. Beaucoup de personnes, passionnés, professionnels, ne pourront s’en passer (et c’est d’ailleurs très bien comme ça !). Nous pouvons citer quelques catégories de population dans ce cas :
De plus en plus de personnes sont équipées de smartphones permettant de rester connecté en permanence et de tirer un profit maximum des applications et services utilisant la mobilité (photo, géolocalisation, info temps réel et « cyber-journalisme » ).
En complément, je pense sincèrement que l’iPad et autre tablette, que j’ai appelé ici les terminaux « semi-nomades », vont trouver une place naturelle pour la consommation d’information, de magazines, livres, actu, jeux, avec le confort d’un écran plus grand qu’un smartphone, et sans la contrainte d’un laptop ou desktop (légèreté, ergonomie, prise en main, autonomie).
Je n’ai jamais cru aux netbooks, ces ordinateurs portables peu chers (quoi que…), peu performants, et à l’ergonomie lamentable. Ils sont sensés répondre à un usage nomade, de consultation uniquement, auquel les terminaux « semi-nomades » tel l’iPad vont parfaitement répondre. Je m’étonne d’ailleurs que personne ne se soit penché sur cette comparaison netbook – iPad. Passons.
Reprenons : Aux usages nomades, les Smartphones. Aux usages semi-nomades (dans le canapé ?, dans l’avion ?) et pour être un « consommateur », les tablettes type iPad. Aux usages de niche ou professionnels, les « ordinateurs classiques ».
Mais comment répondons nous à 80% (plus ?) de la population voulant un ordinateur (desktop comme laptop, peut importe) permettant de faire plus qu’une tablette (puissance, ergonomie) avec les avantages procurés par l’iPhone (Android, etc…) et sans les inconvénients d’un ordinateur (performance, maintenance, anti-virus, configuration, firewall, drivers, …)
Je vous laisse deviner la réponse…
Imaginons un instant… Je vous demande de vous mettre à la place d’un utilisateur lambda (vos parents par exemple ?). Vous avez ainsi un ordinateur. Suffisamment puissant pour jouer, avec une bonne ergonomie car un grand écran, un vrai clavier. Le démarrage est extrêmement rapide. Pas d’anti-virus, pas de firewall à maintenir. Pas de drivers non plus.
A l’écran, des icônes, groupées par thème. Un clic sur celles-ci (je ne crois pas au tactile pour les ordinateurs, gadget !) et l’application se lance, permettant un accès immédiat au service voulu ou aux fonctionnalités attendues.
Ajoutons à ceci, un « App Store » (appelez le comme vous voulez). Lorsque je recherche un programme pour une tache précise, je me rends sur cette « place de marché » des applications et je le télécharge. Pas besoin de lancer des recherches interminables sur Google, arriver sur des sites plus ou moins recommandables et enfin me retrouver envahi de malware…
L’iPad et ses premières applications nous permettent facilement d’imaginer ce que peut être l’expérience utilisateur proposée par un tel ordinateur. Il devient ainsi très facile pour les grands parents d’accéder aux photos FlickR du petit dernier, par exemple (combien vont se reconnaître ? ).
Ne les oublions pas, les entreprises. Ce sont aujourd’hui les principales consommatrices d’ordinateurs (et de licences Microsoft, je sais de quoi je parle !).
Quel cauchemar aujourd’hui pour un administrateur d’avoir à gérer un parc, son inventaire, sa maintenance, ses anti-virus, patchs, Policy, profils, applications installées et licences associées… Plusieurs solutions existent et sont par ailleurs de plus en plus présentes : client léger (Citrix, Windows Terminal Server, …), virtualisation du poste de travail (VMWare). Mais, pour bien les connaître, ces solutions sont lourdes à mettre en œuvre, coûteuses, et complexes à exploiter. Les « Network computers » nécessitent quant à eux la mise en place d’infrastructures centralisées fournissant les applications, services, etc…
L’ « Ordinateur Simplifié » est à mes yeux une excellente réponse aux problématiques de gestion de parc informatique.
Imaginez ainsi, fournis avec le système d’exploitation, les outils nécessaires à la télédistribution d’application, à l’inventaire de parc, etc… Plus de configuration complexe non plus à mettre en œuvre pour sécuriser les postes de travail, pour empêcher l’accès à des fonctions interdites. Le coût total de possession (TCO) s’en trouve alors fortement réduit, sans pour autant nécessiter la mise en place d’infrastructures centrales lourdes.
Ce type d’ordinateur à toute sa place en entreprise.
Vaste sujet, bien plus vaste que ce dont j’ai pu aborder ci-dessus. Nous observons cependant plusieurs tendances nettes :
Je pense que toutes ces solutions vont chacune se développer, répondant ainsi à des usages bien définis. Mais je pense également que quelques grandes tendances persisteront pour les usages dominants.
Ainsi, le « PC simplifié » est à mes yeux l’hypothèse la plus concrète et solide, pour les 10 ans à venir, à minima. Et ce principalement pour trois raisons :
J’expose ici mon point de vue. J’ai essayé de baser mon analyse sur une observation des usages et de sortir ainsi des débats passionnés. J’ai également voulus aborder la problématique entreprise, si importante et pourtant si souvent absente des analyses que je peux lire.
Bien entendu, j’aime évoluer dans mes pensées et vos contributions, remarques, critiques, contre argumentation sont les bienvenues !
Article initialement publié sur le blog EricDelattre.com il y a 3 mois, et légèrement actualisé pour owni.
Photo CC Flickr Rogier Noort et thms.nl
]]>Je ne connais absolument pas ce milieu, je ne vais ainsi pas m’attarder sur cette crise elle-même mais plutôt sur un modèle qui à mes yeux, ceux d’un consommateur, est pertinent. De plus, je m’étonne de n’avoir encore rien lu au grès de mes recherches en vue de l’écriture de ce billet sur le sujet. Aveuglement ?
Voici un point de vue, le mien… (Et une idée de start-up à l’occasion !)
L’idée est simple et, encore une fois, je m’étonne de n’avoir rien lu à ce sujet. Brièvement, il s’agit d’appliquer le modèle de Spotify à la presse écrite. Je m’explique.
J’aime l’actu, et je la consomme principalement sur Internet. Parce que je suis à l’étranger et que cela me permet d’avoir accès facilement à l’actualité de mon pays, mais pas seulement. Lorsque j’habitais en France, il en était de même. La raison était alors la grande flexibilité qui m’était offert à éditorialiser ma propre information, au gré de mes intérêts.
Aujourd’hui, le modèle économique retenu par les quotidiens est le suivant :
Concernant la première catégorie citée ci-dessus, aucun problème. J’aime me tenir informé rapidement de ce qui se passe dans le monde et ainsi parcourir en un clin d’œil l’actualité. Les solutions actuelles me conviennent parfaitement. Cette information n’est pas chère, et un financement par la pub est concevable.
J’aime également me plonger plus longuement dans des articles d’analyses, d’investigation, pourquoi pas partisans. Je ne suis pourtant abonné à aucune formule payante. Pourquoi ?
Je ne désire pas me borner a la lecture d’un seul journal, d’une seule opinion. J’aime lire des analyses provenant de diverses sources, lire ce que pensent des personnes dont l’idéologie n’est a priori pas la mienne. Lire uniquement un journal et lui seul me donne l’impression de m’emprisonner, de brider mon raisonnement.
Si je ne suis donc abonné à aucun journal, c’est principalement pour cette raison. Et je ne veux, ni ne peut compenser en m’abonnant à plusieurs d’entre eux pour les raisons suivantes :
Même si les causes sont très différentes – dématérialisation des supports dans le premier cas, changement des attentes et de la façon de consommer de l’information dans l’autre, l’analogie avec le monde de l’édition musicale est inévitable.
Pourquoi ? Parce que dans les deux cas, Internet et les nouvelles technologies sont au cœur du changement des habitudes, mais également au cœur des solutions disponibles. De plus, la presse a l’avantage d’être exposée à cette problématique avec un décalage par rapport au monde de la musique. Elle a donc pu observer, analyser et anticiper. Pourtant, il n’en est rien, et les quotidiens, dans leur façon systématique de se poser en victime (le piratage dans le cas de la musique, le grand méchant Google News dans le cas de la presse), ne fait que reproduire les erreurs de l’industrie musicale et filmographique.
Libération, par la voix de Nathalie Collin, co-Présidente du directoire, et de Laurent Joffrin, directeur de publication, ont récemment proposé l’idée d’une licence globale pour l’industrie de la presse écrite. Il s’agit ici d’une fausse solution (faire payer les fournisseurs d’accès, donc TOUT abonné), évoquée pour de mauvaises raisons (« vous [FAI] gagnez de l’argent sur notre dos, donnez nous-en un peu » !). Vous pouvez trouver ici l’interview donnée à Chalenge sur le sujet.
Messieurs, sortez de votre attitude passive, et devenez acteur de votre avenir en allant chercher de nouvelles solutions !
Me concernant, et pour les raisons évoquées ci-dessus, je ne m’abonnerai jamais à une offre payante d’un quotidien sur Internet. Je serais par contre prêt à payer 10 à 15 Euros par mois pour accéder aux contenus de TOUS les quotidiens !
Suis-je fou? Je ne pense pas. Il serait facile d’offrir au travers d’une application ou d’un site web, un accès à l’ensemble des articles, reportages et sujets traités par l’ensemble de la presse quotidienne. Nationale comme régionale.
Il s’agit ni plus ni moins de réaliser ce que fait Spotify ou Deezer pour la musique…
A mes yeux, les bénéfices sont multiples, pour un risque très limité :
Je reste très étonné que ce sujet ne soit pas évoqué, débattu, et de l’absence quasi-complète de solutions proposées. Beaucoup d’articles / émissions traitent et débattent du méchant Google (et son service Google News), de la crise de la presse…etc. Mais presque toujours sous l’angle de la « victime ».
De plus, pour reprendre la comparaison faite ci-dessus avec l’industrie musicale, les journaux ont très souvent écrit de très pertinentes analyses sur le changement dans les attentes des consommateurs, sur l’industrie qui s’automutile en espérant coûte que coûte défendre son ancien et si lucratif modèle économique…etc. Alors, pourquoi ne lisons nous rien à son propre sujet (mis a part la révolution iPad qui n’en est pas une !) ?
Alors, messieurs, s’il vous plait, arrêtez de vous poser en victime, sortez de votre attitude passive et dépendante, écoutez-nous, et proposez nous des modèles pertinents, nous serons alors acheteurs !
La conclusion est simple : aujourd’hui, je ne paye rien. Avec ce modèle, je serai prêt à m’abonner ! Et vous, que pensez-vous d’une telle proposition ?
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Billet initialement publié sur le blog de Eric Delattre.
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